Quand enfant je faisais un jouet, j'en tolérais le réalisme incomplet qui ne lui enlevait pas son pouvoir d'idole.
Il était base tangible de mon jeu lent et abstrait, symbolique gràce à sa simplicité.
Mes meubles sont une manière de collectionner des fragments, de les assembler avec cette coutume d'économie transmise qui fait l'identité populaire de mon travail.
Parce que je ressens en moi un chaos de restes hétéroclites, j'ai l'impression de me consolider, de restaurer mes idées dans cette action et j'agis avant tout pour moi-même.

Le hasard des récupérations guide le jeu : J'obéis au hasard et aux objets jetés que personne ne me dispute.
Je retrouve ainsi ma pauvreté ancestrale et l'expression de ma propre histoire dont je vous fais part.

En terminant l'objet je le découvre, je le reconnais à son air de vieux jouet, fait à temps perdu.
Je le retrouve là, investi de présence, comme si un autre l'avait laissé dans l'atelier pour m'épauler dans quelque dénuement.

Alain Fornells